Selon la dernière Enquête Nationale Périnatale, 28% des césariennes avant travail étaient potentiellement évitables en 2010. Près de 24 000 interventions seraient ainsi concernées chaque année.
Résumé
Introduction
Les risques de morbidité néonatale et maternelle à court et long terme associés aux césariennes conduisent à limiter cet acte aux situations justifiées en raison de complications maternelles ou fœtales. Notre objectif a été d’estimer la fréquence des césariennes avant travail, « potentiellement évitables », et de rechercher les déterminants maternels et organisationnels associés.
Matériel et méthodes
Les données sont issues de l’Enquête Nationale Périnatale de 2010 en France métropolitaine (N=14 681 accouchements), dont l’échantillon est représentatif au niveau national. Les césariennes avant travail ont été classées en « potentiellement évitables » ou non à partir des indications de la césarienne et des caractéristiques médicales maternelles et fœtales connues par le dossier médical. Les recommandations françaises pour la pratique clinique ont été prises comme référence. La fréquence des « césariennes potentiellement évitables » a été estimée. Des modèles de régression logistique ont été utilisés pour rechercher les déterminants associés à ces césariennes, séparément chez les primipares et les multipares. Le groupe de comparaison était constitué des femmes qui avaient eu une tentative de voie basse à 37 SA ou après.
Résultats
En 2010, 10,9% des femmes (N=1593) avaient eu une césarienne avant travail. Parmi ces césariennes, 28% ont été considérées comme « potentiellement évitables », majoritairement (83%) des césariennes pour utérus unicicatriciel ou pour présentation du siège, chez des femmes à terme et sans aucun autre facteur obstétrical défavorable. Les déterminants associés à ces césariennes étaient un âge maternel > 35 ans, une surveillance prénatale intensive et un accouchement dans une maternité privée (ORa=1,9 (IC 95% 1,2-3,2) chez les primipares et ORa=2,5 (IC 95% 1,9-3,8)) chez les multipares). L’obésité était également significativement associée à une probabilité plus élevée de réaliser une césarienne « potentiellement évitable », mais uniquement chez les multipares (ORa=2,7 (IC 95 % 1,9-3,8). Nous n’avons pas mis en évidence d’association entre les caractéristiques sociodémographiques des femmes et la réalisation d’une « césarienne potentiellement évitable ».
Conclusion
Notre étude suggère que près d’un quart des césariennes avant travail auraient potentiellement pu être évitées si les recommandations pour la pratique clinique avaient été suivies. Ces résultats mettent en évidence les principales situations sur lesquelles les professionnels devraient concentrer leurs efforts pour réduire le taux de césarienne avant travail. Ils soulignent également l’importance de la discussion de la voie d’accouchement pour une première césarienne, ainsi que l’importance de la formation des professionnels aux manœuvres obstétricales en cas de siège ou de grossesses multiples par exemple.
Pour lire l’étude
Coulm B, Blondel B, Alexander S, Boulvain M, Le Ray C.
Potential avoidability of planned cesarean sections in a French national database.
Acta Obstet Gynecol Scand 2014; DOI:10.1111/aogs.12439