Les taux de déchirures sévères du périnée et d’épisiotomies pourraient être utilisés comme indicateurs de qualité des soins obstétricaux et d’application de pratiques fondées sur les preuves. Cependant la très grande variation des taux de ces deux indicateurs entre les pays européens et l’existence d’une corrélation négative entre ces taux suggère le besoin de mieux évaluer l’état du périnée sur l’ensemble des femmes qui accouchent et de rechercher les effets d’une pratique très restrictive de l’épisiotomie par un essai contrôlé randomisé.
Résumé
Objectif :
Les taux de déchirures sévères du périnée et d’épisiotomies ont une utilité limitée en tant qu’indicateurs de qualité des soins obstétricaux car l’état du périnée est difficile à évaluer et on ne sait pas quel devrait être le taux optimal d’épisiotomies. Notre objectif a été d’étudier les différences géographiques des taux de déchirures sévères et d’épisiotomies en Europe et d’analyser les associations entre ces deux indicateurs
Méthodes :
Nous avons utilisé des données agrégées issues des statistiques nationales disponibles dans le Projet Euro-Peristat. Nous avons comparé les taux de déchirures du 3ème et 4ème degrés et d’épisiotomies en 2010 parmi les accouchements par voie basse (20 pays) et analysé l’évolution de ces taux entre 2004 et 2010 (9 pays). Des corrélations écologiques ont été réalisées avec des coefficients de corrélation des rangs de Spearman (rho).
Résultats :
En 2010, le taux de déchirures sévères variait de 0,1% en Roumanie à 4,9 % en Islande et le taux d’épisiotomies variait de 3,7 % au Danemark à 75,0 % à Chypre. Une corrélation négative entre les taux d’épisiotomies et de déchirures sévères était observée parmi l’ensemble des accouchements par voie basse (rho=-0.66; p=0.001), parmi les accouchements par voie basse opératoire (rho=-0.67; p=0.002) et parmi ceux par voie basse spontanée (rho=-0.72; p<0.001). Cependant il n’y avait pas de relation entre l’évolution temporelle de ces deux indicateurs (rho=0.43; p=0.28).
Conclusions :
Les grandes variations des taux de déchirures sévères et l’association négative avec les taux d’épisiotomies montre l’importance d’avoir des données de meilleure qualité sur les déchirures et d’évaluer l’impact d’une pratique très restrictive de l’épisiotomie.
Pour lire l’étude
Blondel B, Alexander S, Bjarnadóttir RI, Gissler M, Langhoff Roos J, Novak-Antolič Ž, Prunet C, Zhang WH, Hindori-Mohangoo AD, Zeitlin J. Variations in rates of severe perineal tears and episiotomies in 20 European countries: a study based on routine national data in Euro-Peristat Project. Acta Obstet Gynecol Scand (in press)