Une étude menée au sein de 8 pays européens dotés de systèmes renforcés pour la surveillance de la mortalité maternelle montre, à partir de données comparables, que le niveau de mortalité maternelle est 4 fois plus élevé en Slovaquie ou au Royaume-Uni (10.9 et 9.6/100 000 naissances vivantes) qu’en Norvège ou au Danemark (2.7 et 3.4 pour 100 000 naissances vivantes). La France se situe au 5ème rang sur ces 8 pays. Même si l’hémorragie obstétricale ne constitue plus la première cause de mort maternelle en France, elle occupe une place toujours plus importante que dans les autres pays. L’amélioration de sa prévention et de sa prise en charge doivent rester une priorité en France. La mortalité par embolie amniotique est aussi particulièrement fréquente en France par rapport aux autres pays et une autre priorité sera de comprendre pourquoi. Enfin, comme dans les autres pays, les maladies cardiovasculaires et le suicide sont les principales causes de mortalité maternelle, ce qui souligne l’importance d’améliorer la santé mentale et cardiovasculaire maternelle.
Lien vers l’article
Presse
The guardian: UK has second highest maternal death rate in eight-country European study
The Herald Scotland: Maternal mortality in UK higher than most European nations
The Times: New mothers more likely to die in UK than Scandinavia
Résumé
Contexte : La mortalité maternelle demeure un indicateur clé de santé maternelle et de performance du système de soins maternels, même dans les pays riches où elle est rare. Les données de routine de mortalité ne permettent pas une caractérisation fiable des morts maternelles. Les comparaisons de la mortalité maternelle entre pays permettent d’identifier des profils communs ou des singularités, pour émettre des hypothèses sur les mécanismes causaux et élaborer des possibles pistes d’amélioration.
Objectif : Comparer la mortalité maternelle entre pays européens dotés de dispositifs renforcés d’étude de cette mortalité.
Méthodes : Une étude descriptive comparative a été menée au sein du réseau « International Obstetrics Surveillance System » à partir des données de huit pays (Danemark, Finlande, France, Italie, Pays-Bas, Norvège, Slovaquie et Royaume-Uni). Les ratios de mortalité maternelle (RMM) jusqu’à 42 jours et 1 an après la fin de la grossesse, définis comme le nombre de décès maternels pour 100 000 naissances vivantes au cours d’une période donnée, ont été calculés et comparés à ceux obtenus avec les statistiques officielles de mortalité. Les RMM par âge, par origine géographique/ethnicité des femmes et par cause de décès ont également été calculés.
Résultats : Les RMM jusqu’à 42 jours après la fin de la grossesse variaient d’un facteur 4, allant de 2,7 en Norvège et 3,4 au Danemark à 9,6 au Royaume-Uni et 10,9 en Slovaquie pour 100 000 naissances vivantes. La France se situait au 5ème rang sur ces 8 pays pour le nombre de morts maternelles à 42 jours. Les statistiques officielles de mortalité sous-estimaient la mortalité maternelle de 36% ou plus dans la plupart des pays confirmant ainsi que les dispositifs renforcés d’étude de la mortalité maternelle sont essentiels pour recueillir des données fiables. Comparé à celui des femmes qui ont entre 20 à 29 ans, le risque de mort maternelle pour les mères de moins de 20 ans et celles âgées de 35 à 39 ans était double et aussi 4 fois plus élevé pour celles âgées de ≥40 ans. Dans la plupart des pays le risque de mort maternelle était plus élevé chez les femmes nées à l’étranger ou d’origine ethnique minoritaire, origine qui était définie différemment selon les pays. Les pathologies cardio-vasculaires et le suicide constituaient les principales causes de décès maternels dans la plupart des pays. Seulement 2 pays, la France et le Royaume-Uni, disposent d’un système fiable de mesure de la mortalité maternelle jusqu’à 1 an après la fin de la grossesse ; dans ces 2 pays, le suicide maternel était la deuxième cause de mortalité maternelle jusqu’à 1 an après la fin de la grossesse, après les maladies cardio-vasculaires.
Conclusion : Les maladies cardiovasculaires et la santé mentale des femmes pendant et après la grossesse, ainsi que les disparités de risque maternel liées à l’âge et à la vulnérabilité sociale, doivent être considérées comme des priorités dans tous les pays.
Répartition des taux et causes de mortalité maternelle à 42 jours dans les pays avec systèmes renforcés de surveillance