Une analyse des données de l’étude TRAAP montre que des symptômes d’état de stress post-traumatiques (ESPT) toucheraient chez une femme sur vingt, deux mois après un accouchement par voie basse après 35 semaines d’aménorrhée. Le risque est plus élevé en présence de facteurs de vulnérabilité (femmes migrantes et comorbidités psychiatriques) mais aussi en cas d’évènements obstétricaux tels que le déclenchement du travail et l’hémorragie du post-partum ≥ 1000mL. Le mauvais vécu de l’accouchement à J2 du post-partum est également un facteur de risque indépendant de profil d’ESPT deux mois après l’accouchement. Ces résultats pourraient permettre de cibler le dépistage de l’EPST après l’accouchement.
Article
Auteur correspondant : catherine.deneux-tharaux@inserm.fr
Résumé
Objectif : Estimer la prévalence et identifier les facteurs de risque d’ESPT deux mois après un accouchement par voie basse dans une population à risque obstétrical standard.
Méthodes : Étude ancillaire de l’essai randomisé TRAAP conduit dans 15 maternités françaises en 2015-2016, qui incluait des femmes avec grossesse monofœtale ayant accouché par voie basse après 35 semaines d’aménorrhée. Après randomisation, les caractéristiques du travail et de l’accouchement étaient collectées prospectivement, avec une attention particulière sur les pertes sanguines. Le profil et le diagnostic provisoire d’ESPT étaient évalués par deux auto-questionnaires (IES-R et TES) envoyés à deux mois de l’accouchement. Les associations entre les facteurs de risque potentiels et l’ESPT étaient analysées par régression linéaire ou logistique multivariée en fonction de la nature de la variable dépendante.
Résultats : Les questionnaires ont été collectés chez 2740/3891 et 2785/3891 des femmes pour l’IES-R et la TES respectivement (taux de réponse de 70,4% et 71,6%). Les prévalences de profil et de diagnostic provisoire d’ESPT étaient de 5.1% (IC95% 3.6-5.2%; 141/2740) et 1.6% (IC95% 1.2-2.1%; 44/2740) avec l’IES-R, et de 4.9% (IC95% 4.1-5.8%; 137/2785) et 0.4% (IC95% 0.2-0.8%; 9/2080) avec la TES. Le risque d’ESPT était significativement majoré chez les femmes présentant certains facteurs de vulnérabilité (femmes migrantes et comorbidités psychiatriques (ORa 2.7 IC95% 1.4-5.2)), certains facteurs obstétricaux (notamment déclenchement du travail (ORa 1.5 IC95% 1.0-2.2), durée du travail supérieure à 6 heures (ORa 1.7 IC95% 1.1-2.5) et hémorragie du post-partum ≥ 1000mL (ORa 2.0 IC95% 1.0-4.2) ), et un mauvais vécu de l’accouchement à J2 du post-partum (ORa 4.5 IC95% 2.4-8.3) avec l’IES-R. Ces associations étaient globalement similaires avec les 2 échelles.
Conclusion : Une femme sur vingt présente des symptômes d’ESPT deux mois après un accouchement par voie basse après 35 semaines d’aménorrhée. La présence de comorbidités psychiatriques, l’hémorragie du post-partum sévère et le mauvais vécu de l’accouchement à J2 du post-partum sont les principaux facteurs associés à un risque accru de profil d’ESPT. Ces résultats pourraient permettre de cibler le dépistage de l’EPST après l’accouchement sur les femmes à plus haut risque.