La dernière Enquête Nationale Périnatale a eu lieu en mars 2016 dans l’ensemble des 517 maternités françaises : 14 142 naissances ont été incluses, permettant de décrire la santé périnatale, les pratiques médicales et les facteurs de risque et leur évolution depuis la précédente enquête en 2010. Si des évolutions positives sont constatées pour les aspects touchant à la prise en charge du travail et de l’accouchement, certains résultats sur la santé et les comportements de prévention sont moins favorables et devraient conduire au développement d’actions de prévention de de promotion de la santé.
L’équipe EPOPé de l’INSERM et la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) présentent ce mercredi 11 octobre 2017 les résultats de la dernière Enquête Nationale Périnatale, dont la réalisation a été rendue possible par la participation active des services départementaux de Protection maternelle et infantile, des réseaux de santé en périnatalité et des professionnels des maternités.
L’ENP 2016 a été coordonnée par l’Équipe EPOPé de l’INSERM, en collaboration avec la DREES, la Direction générale de la santé, la Direction générale de l’offre de soins et Santé publique France.
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Contacts : Béatrice Blondel (responsable scientifique), Bénédicte Coulm (coordinatrice nationale) |
Enquête Nationale Périnatale 2016 : les premiers résultats
Les Enquêtes Nationales Périnatales (ENP) sont réalisées à intervalle régulier pour disposer d’informations détaillées sur la grossesse, l’accouchement et la santé à la naissance. Cinq enquêtes ont eu lieu à ce jour en 1995, 1998, 2003, 2010 et 2016. L’ENP 2016 porte sur les 14 142 naissances survenues entre le 14 et le 20 mars 2016 dans les 517 maternités de métropole et des départements et régions d’outre-mer. Les données proviennent des dossiers médicaux, d’un entretien auprès des femmes et d’un questionnaire décrivant les maternités.
l’ENP 2016 a été mise en œuvre par la Direction générale de la santé, la Direction générale de l’offre de soins, la DREES, Santé Publique France et l’équipe EPOPé de l’INSERM.
Les résultats les plus marquants de l’ENP 2016 sont les suivants :
En France métropolitaine, un contexte moins favorable en termes de facteurs de risque et de prévention
- Un âge maternel élevé (35 ans ou plus), le surpoids et l’obésité sont plus fréquents en 2016 qu’en 2010 (respectivement 21 %, 20 % et 12 % en 2016 et 19%, 17% et 10% en 2010).
- Entre 2010 et 2016, la consommation de tabac pendant la grossesse n’a pas baissé (17 %) et l’allaitement exclusif pendant le séjour en maternité a diminué (de 60 % à 52 %), alors que la France se situait en 2010, pour ces deux indicateurs, dans une position peu favorable par rapport à ses voisins européens.
- La vaccination anti-grippale des femmes enceintes est très faible (7 %) alors qu’elles sont considérées comme un groupe à risque élevé de complications en cas de grippe.
Certains indicateurs de santé périnatale se sont dégradés
- Le taux de prématurité augmente depuis 1995 (de 4,5 % en 1995 à 6,0 % en 2016 chez les enfants uniques nés vivants).
- La proportion d’enfants avec un poids faible (pour leur âge gestationnel) a augmenté entre 2010 et 2016 (de 10,1 % à 10,8 % chez les enfants uniques nés vivants).
Les accouchements ont lieu dans des maternités plus grandes, offrant une plus grande sécurité et une meilleure réponse aux demandes des femmes
- La baisse du nombre de maternités se ralentit : la France en compte 517 en mars 2016 (dont 20 outre-mer).
- En 2016, les accouchements ont plus souvent lieu dans des maternités publiques, spécialisées et de grande taille, mais le nombre de petites maternités (moins de 500 accouchements par an) n’a pas diminué.
- La part des services ayant en permanence sur place un obstétricien (de 54 % en 2010 à 61 % en 2016), un anesthésiste (de 75 % à 81 %) et un pédiatre (de 34 % à 40 %) a augmenté.
- Les refus d’accueil par manque de place sont moins fréquents en 2016.
- La prise en charge de la douleur s’est améliorée par un recours plus fréquent à la PCEA (pompe permettant à la femme de doser elle-même l’analgésie) et 88 % des femmes sont satisfaites de ce qui leur a été proposé pour gérer la douleur et les contractions.
Les recommandations de bonnes pratiques concernant la prise en charge des femmes durant le travail et au moment de l’accouchement sont mieux suivies
- Le taux de césarienne est stable (20,4 % en 2016 contre 21,1 % en 2010).
- Le taux d’épisiotomie diminue, passant de 27 % en 2010 à 20 % en 2016.
- La prise en charge des femmes au moment de l’accouchement s’oriente vers une approche moins médicalisée, le recours à l’oxytocine (médicament qui permet d’accélérer les contractions
et présente des risques pour la santé maternelle) est moins fréquent en cours de travail. - La prévention de l’hémorragie du post-partum s’est généralisée.
En outre-mer, les facteurs de risque sont différents de ceux de la France métropolitaine et les indicateurs de santé périnatale sont globalement moins bons
- Les caractéristiques socio-économiques des femmes dans les départements et régions d’outre-mer (DROM) sont plus défavorables qu’en France métropolitaine.
- 25 % des femmes enceintes dans les DROM déclarent ne pas vivre en couple (5 % des femmes en Métropole).
- Les femmes enceintes sont plus jeunes (6 % ont entre 18 et 19 ans contre 2 % en Métropole)
- Le taux d’obésité des femmes enceintes dans les DROM est plus élevé (21 % contre 12 % en Métropole).
- La consommation de tabac est plus faible (5 % contre 17 % en Métropole).
- La fréquence des hospitalisations en cours de grossesse est plus élevée (27 % contre 18 % en Métropole).
- Le taux de prématurité chez les enfants vivants uniques est de 10,1 % (contre 6,0 % en Métropole)
Pour en savoir plus : page web des Enquêtes Nationales Périnatales