La survie des enfants grands prématurés s’améliore en France

Les risques de mortalité et morbidité sont très élevés chez les grands prématurés, mais peu d’études permettent de décrire la santé chez l’ensemble des enfants nés avant 32 semaines. Les données de deux cohortes d’enfants nés en France en 1997 et 2011 permettent de montrer que la survie sans morbidité sévère à la sortie de l’hospitalisation a augmenté chez les enfants nés entre 25 et 31 semaines.

Résumé

Introduction

Avoir des données actualisées sur l’issue des naissances très prématurées est nécessaire pour évaluer les prises en charge, informer les parents, prendre des décisions appropriées sur les soins et fournir des preuves pour les recommandations de pratiques médicales. L’objectif était de déterminer la survie et la morbidité néonatale des enfants nés entre 22 et 34 semaines révolues en France en 2011 et de comparer ces résultats à ceux d’une cohorte d’enfants nés en 1997.

Méthodes

La cohorte EPIPAGE 2 est une cohorte nationale, réalisée dans toutes les maternités et les services de néonatalogie en 2011. Au total 2205 naissances (mort-nés et naissances vivantes) et interruptions de grossesses de 22 à 26 semaines, 3257 de 27 à 31 semaines et 1234 de 32 à 34 semaines ont été étudiées. Les données ont été collectées du 1er janvier au 31 décembre 1997 et du 28 mars au 31 décembre 2011. Les analyses pour 1997 ont été faites sur l’année entière, puis sur la période d’avril à décembre ; les taux de survie et de morbidité ne différaient pas. Les données ont donc été présentées pour l’année complète de 1997 et pour les mois d’inclusion de 2011.

Les issues de santé étudiées étaient la sortie vivant de l’hospitalisation et la sortie sans une des atteintes morbides suivantes : hémorragies intra-ventriculaires de grade III ou IV, leucomalacies périventriculaires, dysplasie bronchopulmonaire sévère, rétinopathie du prématuré (stade 3 ou plus) et entérocolite nécrosante (stade 2-3).

Résultats

Au total 0,7 % des enfants nés avant 24 semaines sont sortis vivants, 31,2 % de ceux nés à 24 semaines, 59,1 % de ceux nés à 25 semaines et 75,3 % de ceux nés à 26 semaines. Les taux de survie étaient de 93,6 % de 27 à 31 semaines et de 98,9% de 32 à 34 semaines. Les enfants rentrés à la maison sans morbidité sévère représentaient 0% à 23 semaines, 11,6% à 24 semaines 30,0% à 25 semaines, 47,5% à 26 semaines, 81,3% de 27 à 31 semaines et 96,8% de 32 à 34 semaines. Par rapport à 1997, la proportion d’enfants survivant sans morbidité sévère a augmenté de 14,4% (p<0,001) entre 25 et 29 semaines et de 6% (p<0,001) entre 30 et 31 semaines, mais n’a pas changé de manière notable pour ceux nés avant 25 semaines. Le taux d’utilisation des corticoides en anténatal, d’accouchements induits, de césariennes et d’utilisation de surfactant a augmenté pour tous les groupes d’âge gestationnel, sauf à 22-23 semaines.

Conclusion

L’amélioration importante de la survie en France, chez les enfants nés entre 25 et 31 semaines s’est accompagnée d’une réduction importante de la morbidité sévère, mais la survie demeure rare avant 25 semaines. Bien que l’amélioration de la survie aux âges gestationnels les plus bas soit possible, ses effets sur la santé à long terme nécessite des études complémentaires. Les résultats à long terme de l’Etude EPIPAGE 2 seront très informatifs à cet égard.

Pour lire l’étude

Ancel PY, Goffinet F and the EPIPAGE-2 Writing Group.
Survival and morbidity of preterm children born at 22 through 34 weeks’ gestation in France in 2011 : results of the EPIPAGE-2 Cohort Study. JAMA Pediatr. 2015 Jan 26. doi: 10.1001/jamapediatrics.2014.3351